Il n'y a pas besoin de partir bien loin de Reykjavik pour admirer les belles lumières des nuits arctiques ; il est d'ailleurs fréquent de les observer depuis la ville, et pour les plus chanceux depuis leurs fenêtres ! Cependant pour éviter toute pollution lumineuse, admirer pleinement ce spectacle, mais aussi pour composer de belles images en tirant parti du beau relief des montagnes, mieux vaut s'éloigner un peu de la ville.

Je prends la route vers le sud, à une vingtaine de kilomètres de Reykjavik, dans la péninsule de Reykjanes, et m'arrête auprès du lac de Kleifarvatn. A cette distance, la pollution lumineuse est faible mais existante et le filtre anti-pollution lumineuse permettra de les atténuer complètement. Il est minuit passé lorsque les aurores forment une belle arche au-dessus du lac.

Le matériel installé, je règle mon boitier sur un temps de pose de 6 secondes, ouverture f/1.4, ISO 500 et température 4000K. Avec ces réglages, le temps de pose est suffisamment court pour éviter tout risque de filé sur les étoiles et obtenir ainsi des constellations bien nettes, mais également pour conserver les formes dessinées par les aurores et éviter des lumières et formes trop diffuses. La forme la plus courante est celle d’un arc courbé mais les aurores se présentent aussi parfois sous forme de rideaux aux rayons plus ou moins longs et larges. C'est un mélange des deux qui s'observe cette nuit.

 Je prends mes premières images sans filtre tout d'abord. Le ciel se révèle gris rosé, voir orangé au plus bas de l'horizon, tandis que les aurores apparaissent dans un vert qui tire vers le jaune. J'espérais un beau reflet dans le lac mais le vent souffle trop fort et l'eau est agitée. J'installe ensuite le filtre NUANCES CLEARSKY tout en conservant les mêmes réglages. Le filtre n'assombrit que très peu la scène et il n'y a pas vraiment besoin de modifier ses réglages entre les prises de vue avec et sans filtre. C'est définitivement une bonne chose dans ce contexte d'aurores polaires où il faut savoir être réactif, celles-ci pouvant varier d'intensité et de position dans le ciel très rapidement.

Les résultats aux premières captures avec filtre visionnées sur le petit écran de mon reflex sont très parlants : la teinte rosée du ciel a complètement disparue pour laisser place à un bleu indigo profond, tandis que les aurores arborent une couleur verte intense tirant parfois légèrement sur le turquoise.

Si la couleur dominante des aurores est bel et bien le vert plus ou moins tirant vers le jaune, il se peut que les extrémités inférieures et supérieures se teintent de rose et de rouge. Ces phénomènes sont plus rares à observer et quelques tests supplémentaires seraient bienvenus pour observer l'action du filtre sur ces zones chromatiques. Je n'aurais pas l'occasion de m'essayer à cet exercice, puisque les aurores qui dansent ce soir-là sont d'un vert monochrome.

Très vite les aurores se dissipent dans l'obscurité, marquant ainsi la fin de ma séance photo nocturne. Il est temps de décharger les photos et observer sur grand écran les résultats obtenus.

J'importe mes photos dans Lightroom, outil qui me permet de mettre les photos en vis-à-vis pour pouvoir en comparer les résultats. Les photos brutes révèlent ces différences de colorimétrie de façon très parlantes, d'un côté un ciel gris rosé, d'un autre un bleu indigo plus sombre. Je procède à des étapes de retouche similaires sur les deux prises de vue avec et sans filtre. Je laisse la balance des blancs et les paramètres de couleurs en l'état, afin de conserver les tonalités d'origine.

J'augmente la luminosité afin d'éclaircir mon image. En effet, dans l'obscurité de la nuit on peut avoir tendance à sous-exposer un peu ses images, celles-ci apparaissant lumineuses à l'écran, d'où l'intérêt d'afficher l'histogramme. J'interviens ensuite sur les différents curseurs afin de travailler les contrastes de mon image : j'augmente les hautes lumières tandis que je réduis les basses lumières.

J'ajuste également une courbe en S afin de compléter les curseurs et affiner encore un peu plus mes contrastes d'ombre et de lumière. Enfin, j'accentue l'intensité des étoiles avec l'outil clarté, mais également avec l'outil correction du voile afin que celles-ci se détachent vraiment dans ce ciel nocturne. Cela agit également sur l'intensité des aurores et les fait ressortir d'autant plus.

Avec ce post-traitement et sans utilisation du filtre, le ciel ressort un peu plus clair et les aurores boréales se fondent parfois dans les tonalités de jaune. Avec le filtre NUANCES Clearsky, elles semblent contraster un peu plus fortement avec le ciel.

Lorsque je photographie un ciel nocturne en Islande, ma démarche artistique m'oriente vers une retouche aux colorimétries froides. En effet, dans mon imaginaire des pays du grand nord, j'associe les nuits d'aurores boréales au froid polaire et au bleu de la glace. J'ai donc développé mes techniques de retouche afin d'obtenir des tons alliant vert émeraude, turquoise et indigo.

Avec l'usage du filtre, je retrouve cette palette de couleurs quasiment brute de capteur, ce qui me permet de m'immerger pleinement dans les ambiances qui m'inspirent au moment de la prise de vue mais aussi de gagner du temps au moment d'éditer mes images. Dans ce contexte, l'usage du filtre est ainsi vraiment très utile pour moi et répond parfaitement à mes attentes !

Je suis impatiente de tester ce filtre un soir d'aurores en conditions urbaines au-dessus de Reykjavik afin de concilier lumière urbaines et aurores polaires, mais pour cela, il faudra attendre l'automne prochain lorsque les aurores boréales reviendront pour une nouvelle saison de performances spectaculaires.

En résumé, le filtre NUANCES Clearsky est un allié redoutable pour atténuer les lumières orangées générées par les éclairages urbains. Si cela influe sur la couleur du ciel, permettant aux tons gris-rosés du ciel de laisser place à un bleu profond, ce filtre permet également d'intensifier les lumières ardentes des aurores boréales dans les paysages nocturnes du grand nord, permettant ainsi de créer des images incroyables au cœur de l’hiver.

Raphaelle Monvoisin, ambassadrice Cokin, avril 2019.