Une rencontre avec Millenium Photographie, spécialiste niçois de la photographie infrarouge
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- sept. 25, 2019
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Cokin : Bonjour Dimitri Verhavert, pourriez-vous vous présenter brièvement et nous précisez vos premiers rapports avec la photographie classique et infrarouge ?
Millenium Photographie : Bonjour, je me prénomme Dimitri, je vis à Nice, Côte d’Azur. J’ai 33 ans et j’ai commencé la photo en 2012 par accident ! Mon père avait un groupe de rock, Dixie Driver. Un soir, juste avant un concert, il m’a demandé si je voulais faire des photos. J’ai répondu « euh… pourquoi pas… » Résultat : la catastrophe… Du coup, je me suis questionné devant cet échec.
J’ai fouillé un peu partout sur le net pour me former. Puis j’ai découvert plein de photographes qui faisaient du paysage.. J’avais trouvé ma vraie passion. Un peu plus tard, je suis tombé sur des photos aux couleurs et au contraste que je n’avais jamais vu ! Ainsi, comme je suis un acharné de la découverte j’ai fouillé, fouillé de la même manière que pour le paysage, et j’ai trouvé, appris progressivement et depuis je n’ai lâché aucun de ces sujets !
Millenium Photographie,vue de Nice, Nikon D7000 standard, filtre Cokin Nuances 720nm, 10mm, f/5,6, 107 sec., ISO 100.
Cokin : D’un point de vue purement esthétique, pourquoi êtes-vous plus attiré par le rendu de type infrarouge d’un sujet donné que par son rendu classique, conforme à la sensibilité spectrale de l’œil ?
Millenium Photographie : Mon esprit est créatif, l’infrarouge est ainsi pour moi l’aboutissement de mes rêves ! J’aime montrer aux gens les lieux où ils vivent tout en perturbant leurs repères et en faisant travailler leur imaginaire .
Cokin : Qu’appréciez-vous dans le fait de capturer des longueurs d’ondes infrarouges que l’œil ne peut voir ?
Millenium Photographie : Je suis curieux, intrigué par les mondes que nous ne connaissons pas ; l’infrarouge est pour moi une sorte d’univers parallèle.
Cokin : Vous pratiquez la photographie infrarouge avec des appareils défiltrés avec ou sans filtre, la photographie infrarouge avec des appareils non modifiés avec filtre, tout cela est un peu compliqué… Pouvez-vous clarifier les différentes possibilités pour nos lecteurs et nous expliquer dans quel cas privilégier telle ou telle technique ?
Millenium Photographie : Pour faire simple, un boîtier dit standard (non défiltré) est peu sensible aux infrarouges car il y a devant nos capteurs un filtre anti-infrarouge (IR-Cut). Celui-ci réduit la transmission infrarouge pour que nos appareils soient capables de gérer proprement et normalement les couleurs que nous voyons. Cependant, certains appareils laissent passer suffisamment d’infrarouges pour que nous puissions à l’aide d’un filtre sur l’objectif récupérer uniquement ces infrarouges. Évidemment, il y a un inconvénient dans le fait d’utiliser un filtre infrarouge : cela nous oblige à exposer en pose longue, et cela en pleine journée. L’avantage, c’est que n’importe quel boitier de 2000 à 2008 peut laisser passer certaines longueurs d’onde sans aucune modification du capteur (par exemple le 720nm est un standard). Il faudra passer en pose longue (donc sur trépied) et utiliser la sensibilité iso la plus basse, car les fichiers raw sont plus sensibles en infrarouge. Et ne pas oublier de cacher l’œilleton comme pour une pose longue classique (pour éviter toute entrée de lumière non désirée). Cependant, si vous utilisez un hybride, pas besoin de s’occuper de ce point.
Personnellement je préfère shooter avec un boîtier défiltré à 590nm, car il mélange le spectre visible et les infrarouges. L’avantage d’un boîtier défiltré est que nous pouvons shooter à main levée comme avec n’importe quel appareil (par exemple au 17mm, à f8, au 1/125 et à iso 100). L’autre avantage, c’est que nous pouvons apposer un filtre sur nos objectifs pour changer de longueurs d’onde, par exemple 665nm, 720nm, 800nm ou 850nm. Cependant, un boîtier défiltré pour l’infrarouge restera condamné à l’infrarouge.
Millenium Photographie, panorama de Marseille, Nikon D7000 défiltré à 590nm, filtre Cokin Nuances 720nm, 28mm, f/8, 1/80 sec., ISO 100.
Cokin : Pour une pratique de la photographie infrarouge avec un appareil numérique standard, qui embarque donc un filtre anti-infrarouge, selon votre expérience quelle(s) marque(s) ou quel(s) modèle(s) réagissent le mieux ? Quel filtre infrarouge privilégier avec quelle fréquence de coupure du spectre visible ?
Millenium Photographie : J’utilise un Nikon d5300 pour les photos avec un boîtier standard, ainsi qu’un D7000 et un D70. Cette génération de réflex Nikon est l’une des plus sensibles aux infrarouges. J’utilise des filtres qui coupent à 720nm avec ce type de boîtier standard.
Cokin : Parlons un peu des filtres. Avec quel(s) modèle(s) de filtre infrarouge avez-vous débuté ?
Millenium Photographie : J’ai débuté avec un filtre Hoya r72.
Millenium Photographie, vue de Nice, Pentax K5 standard, filtre Cokin Nuances 720nm, 28mm, f/8, 73 sec., ISO 80.
Cokin : Vous avez pu tester en avant-première le nouveau filtre Cokin Nuances Infrared 720nm avec le porte-filtres Cokin EVO. Comment a-t-il réagi pendant vos différents essais et qu’en avez-vous pensé ?
Millenium Photographie : Quand j’ai testé votre nouveau filtre, eh bien comment dire ? Je pense qu’il va rester longtemps dans mon sac photo ! Il est bien plus neutre que le filtre Hoya r72 que j’avais auparavant. Que je le mette sur un boitier défiltré ou sur un boîtier standard, il s'est comporté d’une façon remarquable... Parfois, avec le Hoya r72, j’ai de légères dérives sur les bords des photos ; en particulier le bas de l’image. Avec ce filtre Cokin cela ne m’est jamais arrivé, et ce même avec mon Sony A7 qui est réputé pour bloquer la quasi-totalité des infrarouges (avec le Sony A7 j’ai dû poser 4min à 500 iso à f5.6, car Sony est vraiment doué pour interdire les IR !). Le Cokin est aussi moins contrasté que le Hoya r72, ce qui permet un meilleur traitement par la suite : mieux vaut un rendu neutre que du sur-contraste pour l'infrarouge. Avec le Nikon D5300 standard, j’ai fait des tests à 100 iso, 20s à f8 au 17mm. Conclusion : de parfaites expositions.
Cokin : Nous avons optimisé tout particulièrement la transmission du spectre infrarouge du filtre Cokin Nuances Infrared 720nm grâce à un traitement multicouches inédit. Cela a-t-il des conséquences visibles sur vos images vis-à-vis d’autres filtres infrarouges classiques ?
Millenium Photographie : Oui, et je n’en dirai que du positif. Comme dit plus haut, ce filtre Cokin est neutre et les arbres par exemple prennent bien les infrarouges (il y a moins de magenta à retirer que sur le Hoya r72). Pourtant, pour moi le filtre Hoya était une référence depuis des années. Au niveau du flare, le filtre Cokin n’est pas trop sensible ; de toute façon l’infrarouge se shoote avec le soleil dans le dos... donc pour moi c’est tout good !
Millenium Photographie, architecture niçoise, Sony Alpha 7 standard, filtre Cokin Nuances 720nm, 24mm, f/5,6, 30 sec., ISO 400.
Cokin : La photographie infrarouge que l’on convertit en noir & blanc est assez simple à mettre en œuvre. La photographie infrarouge en fausse couleur est beaucoup plus complexe au niveau de la postproduction. Pouvez-vous nous expliquer, sans dévoiler tous vos secrets, en quoi consistent vos traitements les plus classiques ?
Millenium Photographie : En premier lieu, il faudra refaire sa balance des blancs en prenant soin de sélectionner la végétation avec la pipette, via camera raw par exemple. Ensuite, une fois cette dernière effectuée, il faut inverser les couches : le bleu doit devenir rouge et le rouge doit devenir bleu. Par exemple, au niveau du canal bleu on met le rouge à 100% et le bleu à 0%. Ensuite, pour le canal rouge on met le bleu à 100% et le rouge à 0%. Une fois cette tâche effectuée nous récupérons un ciel bien bleu et des arbres bien blancs. A partir de là, nous pouvons travailler la photo avec nos outils habituels.
Cokin : Dites-nous en un peu plus au sujet de la photographie infrarouge avec un appareil défiltré. Quel est le gain visuel de cette opération « à capteur ouvert », et comment réussiriez-vous à nous convaincre de faire défiltrer nos chers appareils numériques pour accéder à un nouveau monde visuel ?
Millenium Photographie : L’avantage d’un boîtier dit infrarouge, c’est que nous pouvons passer d’une longueur d’onde à une autre en vissant un filtre sur l’objectif. Par exemple, mon boîtier est un Nikon D7000 défiltré à 590nm (conversion infrarouge Kolar Vision ir590nm). S’il me prend l’envie de shooter à 665nm ou même à 900nm, et bien je conserve une visée normale en live view et une vitesse d’exposition classique, comme si j’avais toujours un boitier standard. J’évite ainsi la pose longue. Certes, je ne peux pas visser de filtre avec une longueur d’onde inférieure à 590nm, car en-dessous de cette valeur le boîtier n’est sensible à aucune radiation. Il y a aussi la possibilité de défiltrer nos boîtiers en Full Spectrum (capteur sensible à l’UV, au visible et à l’IR). L’avantage, c’est que vous pouvez shooter à n’importe quelle longueur d’onde à l’aide de filtres placés devant vos objectifs. Vous pouvez aussi récupérer un spectre visible normal en vissant un filtre coupant les UV et l’infrarouge. Un boîtier de type Full Spectrum est aussi plus sensible pour l’astrophotographie. Pour finir et en guise d’exemple, avec un boîtier défiltré à 590nm vous pouvez avoir très facilement des arbres en Or !
Millenium Photographie, parc du Mercantour, Nikon D7000 défiltré à 590nm, non filtré, 17mm, f/7,1, 1/125 sec., ISO 100.
Cokin : Une question plus personnelle afin de conclure, avez-vous des projets infrarouges en préparation dans votre belle région niçoise et pouvez-vous nous en dire plus ?
Millenium Photographie : J’ai un projet qui me tient à cœur, oui. Je prévois de photographier tous les lieux mythiques de Nice en infrarouge, à 590nm et à 720nm. Pour que par la suite, une exposition voit le jour !
Millenium Photographie, lac du Broc, Nikon D7000 standard, filtre Cokin Nuances 720nm, 10mm, f/7,1, 10 sec., ISO 100.
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