Le Pacific Crest Trail, une randonnée mythique de 4000km avec le porte-filtres Cokin EVO
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- sept. 16, 2020
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Avril 2019 : j’embarque pour une randonnée de 4300km (théoriques) à travers les États-Unis. Avec deux amies, une tente, un sac de couchage, et beaucoup de matériel photographique dont le porte-filtres EVO Cokin L avec son filtre polarisant circulaire (aussi appelé CPL pour Circular Polarizer), ainsi que trois filtres Nuances Extreme. Je m’appelle Armand Patoir, j’ai 29 ans et je rentre d’une mission d’un an en isolement sur l’archipel des Kerguelen pendant laquelle est né ce projet de parcourir les États-Unis d’Amérique de Sud en Nord le long de la côte Ouest. La randonnée s’appelle le Pacific Crest Trail (PCT), elle dure environ 4 à 5 mois.
Armand Patoir, le Half Dome du parc naturel de Yosémite, 35mm, Cokin Nuances Extrême R-GND8 et polarisant EVO, avril 2019.
Sans filtre dégradé, cette photo aurait été bien fade car le ciel aurait été très clair, manquant largement de matière et de présence. Il est bien évidemment possible d’assombrir un ciel en utilisant l’outil « filtre dégradé » de la plupart des logiciels de post-traitement, certes, mais l’effet n’est pas aussi bon. En particulier, ces logiciels savent mal interpréter la zone frontière entre les nuages et les montagnes, créant une sorte de dégradé peu naturel et trahissant l’utilisation abusive d’un logiciel de post-traitement. En ce qui me concerne, je suis pleinement persuadé de l’utilité de trimballer en permanence une pochette de filtres pesant près de 1kilos…
Pour les 5 kilos de matériel photo, mon cahier des charges était très simple : extrême solidité, légèreté, et meilleure qualité optique possible. J’ai donc pris mon reflex plein format Sony A99II, deux focales fixes (20mm f/2.8 et 35mm f/2) ainsi qu’un 70-400 Sony G2 (une référence).
Porter autant de matériel photographique chaque jour pendant 5 mois est tellement contraignant, que je ne tolérais pas que sa qualité soit ne serait-ce qu’un cran en-dessous de « parfaite ». Juste histoire de garder la pêche lorsque je me faisais doubler par des randonneurs aux sacs à dos ultra-légers de moins de 12kg…
Armand Patoir, massif des Marble Ranges, Californie, 35mm, Cokin Nuances Extrême R-GND8, polarisant EVO et filtre correcteur jaune CC50Y, avril 2019.
Je ne sais pas pour vous, mais j’adore la teinte générale obtenue par l’utilisation du filtre jaune. J’ai corrigé la balance des blancs en post-traitement pour rétablir un peu la présence du bleu. Là encore, l’usage du filtre dégradé renforce la présence du ciel et met en valeur ce nuage aussi magnifique qu’improbable.
Depuis que j’ai découvert les filtres dégradés il y a quelques années, j’y attache tout autant d’importance qu'au reste : inutile d’avoir un équipement de compétition si on n’a pas de filtres ; et inutile d’avoir des filtres s’ils dégradent la qualité de l’image dudit équipement de compétition. Logique, non ? Quelques tâtonnements (Nisi, LEE, Formatt-Hitech, Haida, Rollei, en résine puis en verre) ont complètement laissé sur sa faim mon côté perfectionniste. Dominante colorimétrique, perte de piqué, augmentation de l’aberration chromatique, sensibilité aux rayures (même lorsqu’ils sont rangés dans la sacoche !)… Aucun de ces filtres ne m’a donné satisfaction. Je refuse que des filtres altèrent à mon escient la colorimétrie « vintage » si caractéristique de mes vieilles focales fixes.
Armand Patoir, pont suspendu, 35mm, Cokin Nuances Extrême R-GND8, ND1024 et polarisant EVO, avril 2019.
L’usage du filtre neutre ND1024 permet d’obtenir cet effet de mouvement de l’eau. A noter que plus le mouvement de l’eau est rapide, moins le temps d’exposition a besoin d’être long. Par exemple, pour lisser la houle d’un océan, j’utilise un temps d’exposition de 30 secondes voire plus. En revanche, pour ce cliché d’eaux rapides, j’ai utilisé un temps d’exposition de seulement une demi-seconde. Ainsi, j’ai fait cette photo en tenant mon appareil photo dans les mains, sans avoir à utiliser de trépied. Cela est possible car il a un excellent système de stabilisation, et parce que la focale utilisée n’est pas trop longue.
C’est un peu en dernier recours que je me suis tourné vers la marque Cokin et ses filtres de la série Nuances Extreme, qui promettent une neutralité inégalée et une résistance extrême.
Il me fallait au moins cela pour ce voyage, pendant lequel mon matériel allait être mis à très rude épreuve. Et pour cause : je randonne avec mon appareil photo en bandoulière, le porte-filtres avec son filtre polarisant (CPL) monté sur l’objectif, et souvent, un filtre dégradé lui-même installé sur le porte-filtres. Donc le matériel est exposé aux poussières, aux UV et potentiellement au contact des branchages à longueur de journée. Le reste des filtres est stocké dans une pochette que je porte à la taille. Du sable peut y rentrer, elle peut recevoir des chocs voire même se retrouver fortement contrainte en flexion. En bref, elle n’offre une protection aux filtres que toute relative. Ceux-ci doivent donc impérativement être très costauds. J’ai donc choisi les filtres suivants :
- un filtre dégradé neutre Soft 16 stop (GND 16S), fort utile pour les focales courtes (grand-angle)
- un filtre dégradé neutre inversé 8 stops (R-GND8), que j’ai utilisé pour quasiment tous les clichés pris aux focales comprises entre 35mm et 70mm. Pourquoi inversé ? Car bien que normalement destiné aux photographies de coucher de soleil, je me suis aperçu qu’il convient à merveille à la quasi-totalité des clichés comportant une ligne d’horizon. Même en pleine journée, la luminosité maximale de l’image se trouve à la ligne d’horizon, justifiant l’utilisation d’un tel filtre dégradé neutre inversé.
- un filtre à densité neutre 10 stop (ND1024) : LE filtre pour les pauses longues en pleine journée, un must-have.
- enfin, trois filtres colorés en résine : le jaune, le rouge et le vert. Autrefois très répandus en photographie argentique noir et blanc, ces filtres sont délaissés au profit du post-traitement numérique censé être capable de s’y substituer. Mais si vous me demandez mon avis, je vous dirai que ce n’est pas le cas. Loin de là. Le jaune est utile car il fait ressortir les différences entre les différents plans et parce qu’il teinte les images d’une note particulièrement agréable, même après réajustement de la balance des blancs en post-traitement pour estomper son effet réchauffant. Le vert, car il augmente les contrastes de la végétation. Et enfin et surtout le rouge, indispensable pour dramatiser les images comportant une part de ciel bleu, qui devient très sombre. Ces filtres sont en réalité très complémentaires du post-traitement numérique. Notamment parce qu’un appareil photo numérique est un peu perdu lorsqu’il doit ajuster la balance des blancs avec de tels filtres : il est donc nécessaire de la rectifier. Le champ des possibles, en matière de créativité, devient alors assez gigantesque !
Armand Patoir, forêt vierge, 35mm, polarisant Cokin EVO, filtre vert Z004 et correcteur jaune CC50Y, avril 2019.
Le filtre vert permet cette séparation entre les différents plans, impossible à obtenir sans. Il est également utile dans les sous-bois lorsque les feuilles sont humides, pour les rendre plus vertes.
Le verdict ? Eh bien j’ai beau être quelqu’un de très perfectionniste et exigeant avec mon matériel, je n’ai pas su donner de retour négatif à l’équipe de conception. Ces filtres font très simplement ce qu’ils sont censés faire : assombrir toute ou partie de l’image.
Point à la ligne. Côté optique, ils ne détériorent pas l’excellent piqué de mes objectifs à focale fixe (réputés pour cela). Ils ne changent pas non plus la couleur du ciel, évitant un casse-tête chronophage et pas toujours concluant en postproduction.
Armand Patoir, nuages, 20mm, polarisant Cokin EVO, Cokin Nuances Extrême GND16, avril 2019.
Levez les yeux, admirez les nuages, et laissez-leur une grande place dans vos images ! Pour un tel cliché, le grand-angle est indispensable. Le filtre dégradé assombrit légèrement le bleu du ciel, ce qui uniformise la luminosité de la partie « ciel » avec la partie « forêt ». Si je n’avais pas utilisé de filtre dégradé, la forêt aurait été bien plus sombre (ou alors le ciel aurait été plus clair).
Le plus flagrant a sans doute été le ND1024. (Des recherches poussées sur internet afin de savoir quel filtre ND1000 serait le meilleur actuellement sur le plan de la neutralité, pour remplacer mon filtre LEE Big Stopper qui teinte assez fortement les images, ont convergé vers la marque Haida ; mais ayant vu mes filtres dégradés neutres Haida perdre leur revêtement, j’ai préféré ne pas tenter cet achat).
Le ND1024 Nuances Extreme de Cokin est juste parfait sur le plan de la neutralité des couleurs. En tout cas, mes yeux d’être humain n’ont pas été capables de percevoir de dominante colorée. Et puis côté résistance, ils ne m’ont pas déçu non plus. Pas de rayure, ni de détérioration du revêtement.
Armand Patoir, massif des Marble Ranges, Californie, 35mm, polarisant Cokin EVO, Cokin Nuances Extrême R-GND8, avril 2019.
Le filtre polarisant permet de rendre les couleurs de l'image plus conformes à la vision humaine des couleurs. Le filtre dégradé renforce la présence du ciel, fermant l’image par le haut et permettant un contraste augmenté avec les nuages blancs.
Il en est de même pour le porte-filtres avec le filtre polarisant : ces éléments sont robustes, et le filtre polarisant n’a pas de rayures malgré sa position en première ligne lors d’affrontements avec des branchages. Côté qualité optique, je n’ai pas vu de différence entre le polarisant Cokin et le polarisant Nisi qui équipait mon précédent porte-filtres Nisi V5.
Je n’ai jamais regretté de porter ce matériel. La preuve : je l’ai gardé jusqu’au bout du voyage, contrairement à plein d’autres choses dont je me suis débarrassé en cours de route. Et pour ce qui me concerne, ma quête du filtre parfait s’achève là.
Armand Patoir, 2020
Armand Patoir, collines et nuages, 20mm, polarisant Cokin EVO, filtre rouge Cokin Z003, avril 2019.
Le filtre polarisant augmente un peu le contraste entre le bleu du ciel et le blanc des nuages. Quant au filtre rouge, il "en rajoute une grosse couche" : il est en effet utilisé pour renforcer lui-aussi le contraste entre les nuages et le bleu du ciel, car il a la particularité de rendre le bleu du ciel quasiment noir. Parfait pour obtenir un ciel « dramatique ».
Armand Patoir, cascade en pleine forêt, 35mm, polarisant Cokin EVO, filtre Cokin Nuances Extreme ND1024, avril 2019.
Tout comme la photo du pont suspendu, le mouvement de l’eau est ici si rapide qu'il m'a été possible de prendre ce cliché à la volée, avec un temps de pose d’un quart de seconde. Cette durée d'exposition étant relativement courte, l'eau de la cascade conserve beaucoup de matière.
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